Bon sang de bite de c’est pas dieu possible je vais bien finir par trouver un truc pour leur remonter le moral, nan ?? je râle en pyjama.
Il faut dire que ça fait quatre heures que j’épluche la vie sexuelle de la blatte dans l’espoir de vous économiser un anxiolytique. Parce que je vous imagine, comme moi, englué.es dans un marasme parfaitement 2024, dans cette sensation de catastrophe dégoulinante qui nous tomberait sur la gueule au ralenti, comme un pigeon qui aurait décidé de nous chier dessus en slow-motion, ahhh quelle douce sensation, pllll-ooo-ooo-c, plllllllllllll-o-c.
Ce que vient faire ici la vie sexuelle de la blatte, c’est très simple : considérant que nous nous trainons globalement un cafard gigantesque et paralysant, je me dis, EH, TIENS, mais pourquoi donc dit-on avoir le cafard ? (Oui, apparemment, lorsque sur mon lit de mort, crevant de soif parce que la flotte sera désormais réservée à l’arrosage des terrains de golf, je rendrai mon dernier souffle, ma dernière pensée sera pour mon dictionnaire étymologique, génial.)
Là-dessus, je découvre :
- que le cafard et la blatte, c’est pareil. Mais j’ai beau chercher, je vois pas comment vous transmettre quoi que ce soit de palpitant à travers cette info. Ne confondez pas avec la blette, peut-être ? Qui se dit aussi bette et qui est un légume pas ouf ? (Arrêteeeez, je vous vois d’ici m’envoyer vos recettes « de gratins de blette super bonnes » pour me convaincre du contraire, mais les ami-es, dans « gratin de blette » ce qui est bon c’est pas la blette, C’EST LE GRATIN. (Soyez honnêtes ok, Trump a l’arme nucléaire dans le slibard, on n’a plus le temps pour jouer à se faire croire que le navet ça se MANGE.)
Alors que pas du tout c’est un fake depuis le début.
- que le cafard aime l’obscurité et les ténèbres, c’est pour ça qu’il est devenu synonyme de spleen, et c’est un certain Baudelaire qui a été le premier à user de cette analogie. Après, moi je dis que Baudelaire, c’est surcôté. Nan, pas ses écrits, mais comme métier je veux dire. Je ne veux plus faire Baudelaire, comme job, je ne veux plus. Enfin je dis ça parce que l’autre jour j’ai vu une rue Baudelaire et vous savez ce qu’il y avait dans la rue Baudelaire, comme principal bâtiment ? La déchetterie. Je jure. Nan bah super, écoutez, moi, j’étais chaude de faire carrière dans la poésie, mais finir Déchetterie Klaire fait Grr, bah, MOINS FUN, je préfère encore me reconvertir dans le navet.
Heureusement, dans la même rue se trouve également le Pôle Emploi. Oui c’est vrai. Que du fun.
- que le cafard a survécu à l’extinction des dinosaures.
Et alors là, je me dis boooooon, voilà une métaphore à tirer ! Si le cafard-spleen qui nous écrase vient du cafard-blatte qui a survécu aux dinosaures, peut-être qu’il y a une morale dans tout ça ? Genre… euh… quand on a le cafard, en fait… on a… la… force de résister.. à une chute de météorites… ?
…hmm.
Je peux vous dire un truc, autant en légumes verts je suis pas une killeuse, autant en métaphore tirée par les cheveux, normalement, j’assure. Et il s’avère que je viens de passer 3 mois à trouver que tout ce que je faisais sentait le poisson pourri, donc si je vous dis que j’assure à un truc, c’est qu’a priori je suis médaille d’or.
Eh bah là je sèche. Le cafard aura ma peau. Impossible de trouver dans sa biographie la moindre anecdote qui me ferait vous dire : EHHHH, on va s’en sortir, regardez, on a le cafard, mais le cafard, il… il… euh… mange ses semblables ! (C’est vrai, le cafard se nourrit de tout, même de cafard mort. Ce truc est désespérant de seum cracra).
J’ai même épluché tout ce qui était vie sexuelle, LÀ, normalement, je veux dire, la vie sexuelle des animaux, c’est la carte joker, c’est un +12 au UNO, c’est les gros sabots peut-être mais c’est FORCEMENT un peu rigolo ou chelou, ou pertinent, genre la vie qui nous fait wink wink., et vous qui dites à votre collègue JEANNIIIINE (vous l’aimez bien Jeannine), JEANNNIIINE, tu savais que les ratons-laveurs se brossent les dents comme rituel de séduction ??? Eh Bernard devrait en prendre de la graine !!
(Ok j’invente mais quand même il y a LAVEUR dans leur nom c’était plausible)
Mais là, alors, pffrrrtrrrrt LA TETE A TOTO mes petits potes, rien à se foutre sous la dent.
Si, alors, je lis que « certains pièges à cafard utilisent les phéromones de la femelle pour attirer les mâles ». Bon.
Là, j’avoue que mon esprit se met à gambader en mode pièges (j’ai jamais posé un piège de ma vie mais une fois je suis tombée sur l’émission des trappeurs en Alaska donc ça compte). J’imagine des petits morceaux de fromages qui attireraient Depardieu et tout à coup… CHLAC.
…
Quoi ?
Ah nan mais CHLAC c’est le bruit de la mâchoire qui mange du fromage, c’est tout. Et qui se régale, hop, miiiiam. Attendez, je vais pas commencer à souhaiter du mal à des gens, surtout un acteur dont le président de la république lui-même a dit qu’il rendrait FIERE LA FRANCE ! Ah nan, moi, je vais pas à l’encontre, hein, oulà. Non non en plus Caroline Fourest a dit que MeToo ça allait trop loin, moi je veux pas aller trop loin certainement pas.
Moi je fais juste le bruit du fromage, mmmm, chlac, miam-miam, camembert, roquefort, rocamadour….vous savez tous ces trucs qui rendent fière la France.
CHLAC.
Voilà.
Est-ce que ça vous a remonté le moral, cette histoire de fromage ? J’espère que oui. Parce que je suis sur l’alimentation des cafards, là, et je découvre qu’ils bouffent tellement n’importe quoi qu’ils peuvent se nourrir de la colle à l’arrière des timbres-poste. Vous aussi, vous trouvez ça dégueulasse ? Maiiiiisss nan. En gratin, ça passe. (Vous voyez que c’est chiant.)
Peut-être que vous vous dites qu’il n’y a aucune morale à tirer du cafard. Que j’aurais dû changer mon fusil d’épaule, et vous parler d’autre chose. J’y ai bien pensé, je voulais vous parler du fait d’avoir le bourdon, mais vous savez d’où vient ce bourdon tout triste ? Le bourdon, c’est la cloche, la grosse cloche très grave d’une église ou d’une cathédrale, qui pèse plusieurs tonnes et qu’on sonne seulement dans les moments tragiques. Le plus gros bourdon de France est à Notre Dame de Paris. Il a survécu a l’incendie. Il s’appelle Emmanuel.
Je ne dis rien sur les gens qui s’appellent Emmanuel, vous remarquerez.
Je me tiens sage.
CHLAC.
Oups.
J’en étais là, à vous écrire ça, en me nourrissant de CHLAC CHLAC et en râlant Bon sang de bite de c’est pas dieu possible je vais bien finir par trouver un truc pour leur remonter le moral, quand une notification s’affiche dans ma boite mail. Un mail publicitaire, classico.
Mais c’est là que j’ai vrillé, je crois.
À cause du cœur bleu dans l’objet du mail.
J’avais tenu bon sur tout le reste, mais ça c’était trop. Alors j’ai répondu.
Bonjour.
Euh dites.
Y’a moyen que vous arrêtiez de mettre des CŒURS dans vos objets de mail ? Je m’explique, vu qu’apparemment c’est pas une évidence : on est occupé-es à survivre, là. Pas littéralement, contrairement à la moitié du monde, je vous l’accorde, mais en termes de santé mentale on n’est pas pleine balle sur le club med, je vous cacherai pas. C’est-à-dire, entre les génocides dont faudrait surtout pas parler sur les réseaux parce que les types derrière les algos trouvent ça vraiment trop politique de compter les corps d’enfants sous les bombes, les meufs qu’on tue parce qu’elles ont globalement l’outrecuidance d’exister, les villes inondées de bagnoles qui s’empilent parce qu’on se vautre dans la catastrophe mais que les Jean-Mi du monde entier voudraient quand même pas qu’on leur INTERDISE de prendre l’avion à toute berzingue pour passer le mur du gros con parce qu’ils n’aiment rien tant que la liberté de fumer des clopes à 200km/h en mettant des mains au cul à la secrétaire, l’autre abruti orange réélu et notre bourdon national qui trouve que GERARD DEPARDIEU REND FIERE LA FRANCE, je sais pas vous comment vous gérez, mais MOI JE CRAQUE UN PETIT PEU, LÀ.
Alors de l’amour, oui, y’a besoin, oui. Y’a ptet que ça, ça et la révolution qui changeront la route du toboggan vers le cauchemar qu’on est en train de de glisser en mode tête la première, open bar sur l’aquaboulevard.
De l’amour, et des cœurs, ouais, il nous en faut, je signe. Mais pas de la part d’un email publicitaire de vente de gaz de ville, nan merci, on dirait que vous pissez sur nos tombes après un shot de curaçao, en sifflotant “je l’ai puisé à l’encre de tes yeux”, vraiment niveau foutage de gueule c‘est osé quand même.
Genre, l’amour, il ne nous reste peut-être QUE ça pour nous distinguer des cafards. Ça et le fait qu’on lèche pas encore le dos des timbres, mais à quoi ça tient. L’amour, c’est tout. Respectez-le un tout petit peu peut-être je sais pas ??? Arrêtez de faire comme si vous étiez ma mamie, non ? Ma mamie vous emmerde. Elle est morte et elle a pas connu les emoji cœurs mais je suis sure qu’elle vous emmerderait. Peut-être pas, en plus elle se chauffait pas au gaz. En tout cas moi si j’étais morte, je me releverai vite fait pour vous dire que je vous emmerde. Prenez notre fric, notre futur, notre temps de cerveau disponible. Laissez-nous les cœurs. Sans déconner. Laissez-nous les cœurs.
Bien à vous,
K.
Voilà, bah ils m’ont pas répondu mais je vous promets que s’ils me refont le coup du cœur, ça va mal se mettre.
Allez, je vous laisse cafardiser, mais j’ai quand même deux infos pour vous, si vous passez par Paris ou….à….. roulement de tambours…. Car j’ai une nouvelle date à vous annoncer en exclu mondiale … je jouerai le 1er février à Marseille au Théâtre de l’œuvre !
Et le 14 février à Paris aux Trois Baudets.
Réservez maintenant comme ça moi je suis tranquille et je peux tester des recettes de navet et m’énerver sur des mails de pub.
Hauts les cœurs,
Klaire